Dysgraphie : 10 idées reçues passées à la loupe


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Tous les dysgraphiques écrivent mal : FAUX


Cette idée largement répandue est fausse. Certains enfants souffrant de dysgraphie écrivent très bien, trop bien même. Ils s'appliquent et écrivent terriblement lentement, sans possibilité d’accélérer. Cette dysgraphie est appelée par J. Ajurriaguerra la dysgraphie lente et précise. L'enfant écrivant bien, personne ne s'inquiète, et pourtant il souffrira rapidement de problèmes scolaires liés à sa lenteur et à la surcharge cognitive.


Tous les dysgraphiques écrivent lentement : FAUX


Cette idée est également fausse. Dans Certaines dysgraphies l'écriture est rapide,  trop rapide même. Ces dysgraphiques ne maîtrisent plus leur geste, leur écriture est illisible.


Il est facile de dire qu'un enfant est dysgraphique : FAUX


Au vu des deux points précédents, un enfant écrivant bien mais lentement peut être dysgraphique, de même qu'un enfant écrivant vite. Il est donc évidemment très difficile de poser un diagnostic de dysgraphie.
Rappelons quelques faits : le diagnostic de dysgraphie est posé par un médecin, après un bilan complet effectué par une équipe pluridisciplinaire. Le diagnostic se fait par exclusion, c'est à dire " à l'exclusion de tout trouble neurologique ". Je m'explique : Un enfant écrivant gros, lentement, sans suivre les lignes pourrai être diagnostiqué dysgraphique. Mais si on découvre chez cet enfant un problème de vue il sera alors malvoyant mais pas dysgraphique. Bref il n'est pas forcément aisé de poser un diagnostic de dysgaphie "vraie", au sens médical du terme. La bonne nouvelle c'est que le diagnostic n'est pas indispensable pour effectuer une rééducation de l'écriture.



La tenue de crayon n'a aucune importance! : FAUX


La tenue de crayon est cruciale pour obtenir une écriture efficace : fluide, lisible et sans douleur.
Du temps ou nos aïeux écrivaient à la plume, il était impossible de tenir l'outil scripteur n'importe comment, avec la main sur la ligne. 
Aujourd'hui, le stylo bille écrit bien quelle que soit la position de la main ou du stylo, on laisse donc faire. Pourtant, j'estime que pour plus de la moitié de mes patients, l'origine de leur problème d'écriture vient d'une mauvaise tenue de crayon.

La bonne tenue de crayon s'enseigne, et s'apprend.
 

Ne vous inquiétez pas , il manque un peu de maturité, c'est tout : FAUX


Pour deux de mes patients sur trois, les problèmes liés à leur dysgraphie sont apparus dès la maternelle. Pourtant, seuls 5% de mes patients consultent dès la maternelle ou le CP.
De deux choses l'une : soit le problème de dysgraphie décelé en maternelle est réel, une rééducation s'imposera, et autant l'entreprendre tout de suite. Soit le problème décelé est bénin, et le rééducateur pourra vous rassurer et vous permettre de corriger le problème d'écriture cursive en deux ou trois séances. Dans ces conditions, pourquoi attendre?



Dysgraphie un jour, dysgraphie toujours : FAUX


Heureusement, cette idée reçue est totalement fausse. La dysgraphie n'est pas une fatalité que l'on doit trainer toute sa vie. Une rééducation de l'écriture bien menée permet de résoudre les problèmes d'écriture (qu'un diagnostic de dysgraphie ait été posé ou pas) dans une immense majorité des cas, en peu de séances.
Quand un enfant (ou un adulte...) n'a pas de handicap particulier, il a tous les outils à sa disposition pour écrire  correctement. A nous de l'aider en ce sens.
Par ailleurs,et on ne le dira jamais assez,  la rééducation peut se faire à tout âge.



On apprend à écrire au CP : FAUX


L'apprentissage de l'écriture cursive commence le premier jour ou l'on tient un stylo en main (attention à la tenue de crayon chez les bébés, qui entraîne de mauvaises habitudes dont on a du mal à se débarrasser ultérieurement). Et il perdure jusqu'à l'âge adulte, quand l'écriture est enfin totalement automatisée et personnalisée.
L'année de cours préparatoire marque l'entrée dans l'écrit, c'est vrai, puisque l'on apprend à cet âge à lire et écrire, mais l'acquisition d'une écriture cursive efficiente se prépare avant et se continue bien après cette classe.


Un enfant qui écrit de la main gauche est nécessairement gaucher : FAUX


Les faux gauchers par exemple sont assez courants. De peur de contrarier l'enfant qui n'est pas encore bien  latéralisé, on le laisse prendre la main qu'il veut pour écrire, ou en changer. Forcément, si la main choisie n'est pas la main dominante, l'apprentissage de l'écriture cursive sera plus difficile.


Il écrit mal, et alors? ça ne l’empêchera pas de réussir dans la vie: VRAI ET FAUX



Certes, il n'est pas besoin d'écrire parfaitement pour réussir dans la vie. Toutefois, j'attire votre attention sur les difficultés que doivent surmonter les enfants souffrant de leur écriture.
Durant toute leur scolarité, écrire sera un clavaire. Parfois, on les traitera d'incapables ou de fainéants, et ceci n'est pas ans conséquence sur l'estime de soi. Quand vos enseignants ne peuvent plus vous lire, ni vous noter, comment continuer des études? 

Donc, il est bien vrai qu'une écriture déficiente n’empêche pas de réussir dans la vie, mais par contre cela entraîne un handicap certain au cours des études.


Un dysgraphique ne peut pas être heureux à l'école: FAUX


Pour cela, il faut que ses difficultés soient reconnues et prises en compte, et que des adaptations scolaires soient faites pour qu'il trouve sa place et puisse montrer ses compétences.
Mais il est vrai qu'aujourd'hui de trop nombreux enfants sont en souffrance avec l'écriture alors qu'on ne devrait jamais laisser un enfant souffrir à l'école.