Diagnostiquer la dysgraphie

dysgraphie écriture café
Le diagnostic de dysgraphie est plus compliqué qu'il n'y parait au premier abord. "Mon enfant est-il dysgraphique? " me demande-t-on souvent au cabinet. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne suis pas en mesure de répondre seule à cette question.

Dans l'esprit de beaucoup de monde, dysgraphie est juste un synonyme de "il écrit mal". Si seulement c'était si simple!

En réalité, un diagnostic de dysgraphie ne peut être posé que par une équipe pluridisciplinaire. Imaginons un cas particulier pour mieux comprendre. Dirait-on d'un enfant malvoyant qu'il est dysgraphique s'il écrit gros et sans suivre les lignes? Non bien sûr. On dirait surtout qu'il est malvoyant et que son problème de vue retentit sur son écriture. Mettons lui des lunettes si c'est possible, et son écriture a toutes les chances de s'améliorer.

Est considérée comme dysgraphique, toute personne dont la qualité de l'écriture est déficiente alors qu'aucun déficit neurologique ou intellectuel n'explique cette déficience.

Il faut donc l'avis d'un médecin, souvent un neuropédiatre, qui saura interpréter les bilans des professionels médicaux et paramédicaux qui suivent l'enfant : psychologue (test de QI), ophtalmologiste, orthoptiste, orthophoniste, psychomotricien, etc.

Cela dit, il n'est pas indispensable d'avoir un diagnostic de dysgraphie avant de commencer à aider un enfant. Dès lors que l'on remarque que son enfant souffre dans son écriture ou a des difficultés à se conformer au modèle d'écriture cursive, il est pertinent de débuter une prise en charge pour l'aider. Si le problème persiste, il sera alors utile d'entamer les bilans nécessaires pour obtenir un diagnostic précis des difficultés.

Si dans les cas graves le diagnostic précoce est important pour permettre un bon suivi de l'enfant et pour permettre la mise en place d'aides adaptées en milieu scolaire, dans une grande majorité des cas l'enfant n'a pas de réel handicap, mais juste des difficultés d'apprentissage transitoires avec l'écriture. Dans d'autres cas, ce n'est pas le diagnostic de dysgraphie en lui même qui est important, mais plutôt le diagnostic du trouble à la base du problème : une dyspraxie, une dyslexie par exemple ou encore un handicap consécutif à un accident vasculaire cérébral.

De mon point de vue, au lieu de se focaliser sur un diagnostic lorsque le problème porte exclusivement sur l'écriture ("Oh, tout va très bien à l'école vous savez, c'est juste l'écriture qui pose problème") il est plus utile de consulter rapidement un graphopédagogue compétent. Selon toute vraisemblance, il sera en mesure d'aider votre enfant en commençant immédiatement une ré-éducation. S'il le juge nécessaire, il vous aiguillera au plus tôt vers une équipe médicale à même de poser un diagnostic.

Si vous suspectez chez votre enfant  un handicap plus vaste que simplement un problème d'écriture, le fait de poser le diagnostic précis de ses difficultés permettra en plus de la rééducation de l'écriture de mettre en place les aides selon la priorité des besoins.