Écritures cursives scolaires en France au XXe siècle
Au XXième Siècle, avec l'instruction généralisée, la définition des styles d'écriture quitte le domaine de l'académisme pour devenir l'affaire des enseignants, c'est-à-dire de leurs autorités de tutelle. Les Instructions de 1945 pour l'école primaire française prévoient l'apprentissage de l'écriture cursive, l'anglaise, et d'une écriture script (dite parfois technique). En fin d'études primaires, les élèves qui n'entrent pas en sixième au lycée doivent aussi apprendre la ronde.L'écriture cursive ronde
plumes de ronde |
L'écriture ronde
s'exécute avec des plumes spéciales dont
l'extrémité des becs présente une largeur variable. Pour écrire
convenablement la ronde, on doit systématiquement effectuer les traits
en descendant. Ainsi l'exécution d'un o nécessite deux traits.
L’exécution de la lettre u nécessite de lever la plume entre les deux
traits. Bien que toutes les lettres soient attachées, cette écriture de
calligraphie ne permet pas un geste rapide. Très en vogue dans la
première moitié du XXième siècle son usage va disparaitre en même temps
que celui des plumes.
écriture cursive anglaise
L'écriture cursive, appelée anglaise en France et round hand
outre-Manche, est une écriture liée. Elle est issue des écritures
bâtardes de la Renaissance italienne revues par les maîtres calligraphes – en
France, aux Pays-Bas et en Angleterre (notamment George Bickham [1684-1758] dans son ouvrage The Universal Penman).
Cette écriture se propage dès la première moitié du XIXe siècle en
France en liaison avec les échanges commerciaux.
L'anglaise est réalisée normalement penchée, avec une plume fine,
dont les marques les plus répandues en France ont été la Sergent-Major
et la Gauloise.
Voici comment elle est présentée sous le nom précis d' "anglaise expédiée ou cursive" dans le Cours de calligraphie M. Gorce (1926). Cette description de l'écriture cursive est extrêmement normative et n'est pas à rendre au pied de la lettre mais est un bon référentiel historique:
"Ce genre d'écriture est penché et sa pente est déterminée par la diagonale d'un rectangle dont la base est des 4/5 de sa hauteur. […] Les lettres de l'écriture cursive ont une largeur d'un corps, c'est-à-dire que pour les lettres droites, comme n par exemple, l'espace entre les jambages est égal à leur hauteur et pour les lettres rondes (o), l'ovale est inscrit dans un carré ayant comme côté la hauteur du corps d'écriture. / Cette règle s'applique à toutes les minuscules sauf m, w et x dont la largeur est de 2 corps, et r qui n'a que 1/2 corps de largeur. / La hauteur des lettres majuscules est de 3 corps 1/2 ; la forme des courbes dont elles sont composées se rapproche d'un ovale dont la hauteur est le double de la largeur. (...) L'espace entre 2 lettres droites est de 1 corps, entre 2 lettres rondes de 3/4 de corps et entre 2 mots de 3 corps."
C'est cette écriture cursive anglaise qui est à l'origine de notre écriture cursive scolaire française actuelle, avec laquelle tant de mes patients sont fâchés.
écriture script
L'écriture dite "script" se distingue de l'écriture cursive par le
fait que toutes les lettres sont détachées les unes des autres. Elle
correspond approximativement aux polices de caractères actuelles sans empattements. Après avoir été proposée dans l'enseignement français dans les années 50 parce qu' elle est "adaptée à la plume du stylo et à la petite bille d'acier qui tracent les signes de l'écriture sans pleins ni déliés" (Echard & Auxemery 1949), son apprentissage est progressivement abandonné en France au profit de l'écriture cursive.
Au Quebec, les enseignements des deux styles d'écriture, cursive et script perdurent, avec comme justification que l'enseignement de l'écriture scripte favoriserait les capacités de lecture. Dans la pratique de nombreuses études montrent qu'il n'en est rien.
Au Quebec, les enseignements des deux styles d'écriture, cursive et script perdurent, avec comme justification que l'enseignement de l'écriture scripte favoriserait les capacités de lecture. Dans la pratique de nombreuses études montrent qu'il n'en est rien.
retour à :
l'écriture cursive romaine
l'écriture cursive au moyen âge
l'écriture à la renaissance : imprimerie et plume d'oie
l'écriture cursive au temps des encyclopédistes
pour aller plus loin :
écriture cursive, écriture scripte, quels avantages?
Références bibliographiques
Cours de calligraphie. Professeur : M. Gorce. 16e édition. Paris : Ecole spéciale des travaux publics, 1926.
Echard, R. & Auxemery, F., 1949. Méthode moderne d'écriture. Anglaise, script. Paris : Magnard.
Mediavilla, Claude, 1993. Calligraphie. Du signe calligraphié à la peinture abstraite. Paris : Imprimerie nationale.
Mediavilla, Claude, 2006. Histoire de la calligraphie française. Paris : Albin Michel.
remerciement à j.poitou pour son travail documentaire : http://j.poitou.free.fr/pro/html/ltn/manus-a.html