
Une nouvelle écriture cursive
L'écriture cursive romaine évolue à partir des IIIe et IVe siècles : écriture
rapide, avec une tendance à la liaison entre les lettres, avec des
jambages inférieurs et supérieurs. C'est l'ancêtre des écritures cursives variées
qui se développeront dans les siècles suivants et aboutiront, au VIIIe
siècle, à la minuscule caroline.
L'oncialeSaint-Avit, évêque de Vienne, VIe siècle. Paris, BnF. Source : Steffens 1910 : pl. 27.
L'onciale dérive des lettres capitales romaines utilisées dans l'écriture monumentale. Elle se distingue des capitales antérieures (quadrata, rustica) entre autres par l'inégale hauteur des lettres, avec l'apparition de jambages inférieurs et supérieurs que nous conserverons pour les lettres d p q. Elle commence à être utilisée au IIIe ou IVe siècle et perdure jusqu'au IXe siècle.
Codex Victor. VIe siècle. Fulda, Landesbibliothek. Source : Steffens 1910 : pl. 21
La minuscule caroline
La minuscule caroline a été conçue à l'époque de
Charlemagne, dans le cadre du renouveau de la vie intellectuelle impulsé
par l'empereur. Elle est issue de modifications des écritures cursives
antérieures. Elle se caractérise par le fait que les lettres sont
détachées les unes des autres et par la régularité de leurs formes.
Elle a été utilisée d'abord dans le Palatinat (région d'Aix-la-Chapelle), mais
elle s'est rapidement répandue ensuite dans d'autres régions de l'empire
de Charlemagne.
C'est la minuscule caroline qui constituera, quelques siècles plus
tard, avec les capitales monumentales, la base de l'écriture
humanistique adoptée dans la majeure partie de l'Europe pour les textes
imprimés.
Les caractères de notre écriture cursive française vont commencer à se structurer à partir de cette période.
Bible d'Alcvin, Zürich, Kantonsbibliothek, vers 800. Source : Steffens 1910 : pl. 47.
Vers la fin du XIième siècle, l'écriture minuscule caroline se transforme d'une manière sensible : les lettres devinrent généralement
plus droites et plus serrées, et prirent, dans les diplômes
principalement, des traits allongés et sinueux. Dans cette seconde période, elle prend le nom de minuscule capétienne. Vers la fin du XIIe
siècle, elle s’altère, devient anguleuse, plus serrée,
moins régulière. Elle ne fut presque plus en usage dans les
actes de toute espèce après le commencement du XIIIe.
Au XVIe siècle elle reparaît
dans toute sa pureté sur ces beaux manuscrits italiens, qui ont
servi de modèles à nos caractères typographiques.
Ce sera la source ou les maîtres calligraphes viendront puiser.
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- un historique de l'écriture cursive en France
- l'écriture cursive au temps des encyclopédistes
- l'écriture cursive scolaire au XXième siècle
Références bibliographiques
Higounet, Charles, 2003. L'écriture. 11e édition. Paris : PUF. Que sais-je p 653.
Remerciements à J. Poitou pour son travail documentaireSteffens, Franz, 1910. Paléographie latine. Paris