La dysgraphie, l'écriture cursive, et le chinois

écriturechinoise pinceauUn article récent de Research in Developmental Disabilities a attiré mon attention. Il s'agit d'un travail de l'université de Taïwan sur la caractérisation des mouvements de la main dans les cas de dysgraphie. Bien entendu l'écriture considérée est l'écriture scolaire en vigueur à Taïwan, à savoir l'écriture cursive chinoise  traditionnelle, qui est particulièrement éloignée en terme de tracé de l'écriture cursive que nous utilisons pour l'alphabet latin.





Ce qui m'a particulièrement interpellée, c'est que les conclusions de nos collègues taïwanais sont très proches de celles que nous avons en France sur l'écriture cursive.

La dysgraphie des enfants taïwanais se caractérise par des interruptions du geste d'écriture pendant les levées de crayons plus longues que pour le groupe témoin, et par des changements accrus de vitesse et de direction dans le tracé.

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Exemples de mesures du geste d'écriture cursive en chinois (à gauche: un exemple de groupe de contrôle, à droite: un exemple de groupe dysgraphique). Les données comprennent la trajectoire du stylo (en haut), les profils de vitesse (au milieu) et la force axiale exercée sur le stylo (en bas).



Ce sont exactement les mêmes conclusions que celle des équipes du laboratoire d'Albaret, et que celle que j'ai dans la pratique de la rééducation de l'écriture au cabinet. Le contrôle des levées de crayon, et la maîtrise des vitesses et des changements de direction sont cruciaux pour rééduquer l'écriture. Apparemment ces conclusions sont identiques pour la dysgraphie en écriture chinoise comme en écriture cursive française.

écriture cursive analyse vitesse direction
Un exemple de mesures de vitesses similaires sur le tracé de la lettre "a" en écriture cursive


L'article d'origine :
a Department of Occupational Therapy, I-Shou University, Kaohsiung, Taiwan
b Department of Physical Therapy, I-Shou University, Kaohsiung, Taiwan

Traduction du résumé de l'article :

La Dysgraphie (lorsqu'elle est d'une gravité suffisante pour interférer avec le travail scolaire) a été reconnue comme constituant un trouble spécifique. Caractériser les problèmes du geste d'écriture est une étape nécessaire pour permettre une meilleure intervention thérapeutique. Parmi des enfants âgés de 6 à 8 ans, 69 enfants présentant des caractéristiques dysgraphiques (groupe d'étude) et 69 enfants aux compétences avérées en écriture manuelle (groupe témoin) ont été recrutés dans cette étude. Ils ont passé quatre tests de copie de différents niveaux de complexité qui ont été mesurés à l'aide d'une tablette numérique. Les données acquises consistent en des mesures directes (force de la pointe du stylo) et des paramètres dérivés (vitesse de course, temps de pause, le nombre de pics de vitesse et le ratio entre les temps de levée de crayon et le temps de tracé). La principale conclusion est que les enfants qui présentent des caractéristiques dysgraphiques ont des temps de pause plus élevés et une augmentation du nombre de changements de direction et de vitesse. Des différences significatives ont également été observées à l’intérieur de chaque groupe, en particulier dans le groupe témoin. Les paramètres extraits et observés dans cette étude pourront permettre de différencier et de caractériser les problèmes d'écriture provenant de déficits de la motricité fine.

Pour aller plus loin :