Cet été, le ministère de l’éducation nationale a mis à disposition des enseignants deux modèles de polices de caractères
spécialement dessinées pour l’enseignement de l’écriture cursive. Vous trouverez ces modèles sur le site eduscol.
A première vue ,cette initiative est la bienvenue. J'ai toujours observé dans mes échanges avec les enseignants du primaire qu'ils sont nombreux à se plaindre de l'absence de directives claires sur l'enseignement de l'écriture cursive, sans parler même de formation. Chaque fois que je fais une conférence, il y a des enseignants dans la salle : aucun ne lève le doigt quand je demande s'ils ont eu une formation dédiée à l'enseignement de l'écriture cursive.
Donc a défaut d'instructions, un modèle de police de caractère pour l'écriture cursive semble une bonne idée. Hélas, il faut avouer que ce modèle présente quelques défaut. Suite à nos échanges, une de mes collègues a publié une analyse (assez critique) de ces problèmes sur son site : écriture-paris
De mon point de vue, le fait d'avoir confié le travail de création de ce modèle d'écriture cursive à des typographes est la source de bien des erreurs : la contrainte de créer une police de caractère (où chaque lettre doit avoir exactement la même forme quelle que soit la lettre précédente et la lettre suivante) est difficilement compatible avec la fluidité nécessaire pour le geste d'écriture. Dans ce modèle d'écriture cursive la lettre commence à mi-interligne, la boucle du e est "cassée" (apraxique dans notre jargon), les formes des lettres m, n, v, w, y,
s'éloignent des modèles habituels, la réglure est différentes du seyes. Autant de raisons qui rendent ce modèle d'écriture cursive difficile à suivre pour les élèves, voire pénalisant pour mettre en place l'automatisation du geste d'écriture. Dommage.
Un modèle à prendre avec beaucoup de recul, donc. Comme ma collègue, je ne saurais recommander aux enseignants d’utiliser cette police de
caractères comme modèle d’écriture.