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Chroniques de l'écriture cursive : aux temps des encyclopédistes

Diderot écriture encyclopédie
Diderot écrivant


A dater de la fin du XVième siècle, la science scripturale, qui avait atteint des sommets d'académisme avec les manuscrits du moyen age, décline en France. Il n'y a plus de norme de référence pour l'écriture cursive. La confusion des styles va devenir telle au XVIIieme siècle, qu'il devient très difficile de déchiffrer les écritures de cette époque.

 

 

 

 

 

 

L'écriture cursive au temps des encyclopédistes 


L'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert distingue trois types d'écritures cursives, qui ont leurs racines dans les écritures italiennes cursives des XVe et XVIe siècles.
La bâtarde est une écriture à peu près droite; c'est la plus lisible de toutes. La coulée est une écriture liée, penchée vers la droite, et dont les déliés joignent les traits ou le corps de la lettre, en partant de bas en haut. L'anglaise, écriture manuscrite plus inclinée encore, a de l'élégance et de la légèreté.
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écriture cursive bâtarde
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écriture cursive coulée
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écriture cursive ronde

L'académie d'écriture

Au XVIIIe siècle, il a existé en France une Académie d'écriture, bientôt transformée en un Bureau académique d'écriture, puis en Société académique d'écriture. Son rôle était complémentaire de celui de l'Académie française, dans le domaine spécifique de l'écriture.

Voici ce qu'en dit le Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs (Hurtaut & Magny 1779 : 200-201) :
"L'Erection des Ecrivains-Jurés-Experts-Vérificateurs en Corps de Communauté, est du règne de Charles-IX. Un Faussaire, que la Justice avait fait punir en 1569, pour avoir contrefait la signature de ce Prince, donna lieu à cette Erection, sous la protection du Chancelier de l'Hôpital, qui leur obtint, l'année suivante, des Lettres-Patentes, qui les qualifient de Maîtres-Jurés-Ecrivains-Experts-Vérificateurs d'Ecritures contestées en Justice."
En 1727, Louis XV érige ladite Communauté en Académie, mais sa séance d'ouverture n'a lieu qu'en 1762. Cette Académie royale d'écriture est composée d'un directeur, d'un secrétaire, d'un chancelier, d'un garde des archives perpétuel et de quatre professeurs, assistés chacun d'un adjoint, qui professent l'écriture, le calcul, les vérifications et la grammaire.
En 1779, cette académie d'expert en écriture est transformée par lettres-patentes de Louis XVI en Bureau académique d'écriture. Et dans un plaidoyer adressé par le Bureau à l'Assemblée nationale en 1791, ses membres précisent l'intérêt de leur fonction :
"Indépendamment de la vérification des écritures dont il s'occupe de la perfection, cet institut est chargé de celle des caractères alphabétiques, dont la simplicité et l'uniformité sont nécessaires. Nul doute que s'il n'y a pas, sur cet art important, une société légale occupée de la conservation des caractères, qui, étant le point de ralliement, puisse conserver à la nation l'avantage qu'elle a en cela sur les autres, les mains légères, disposées à ajouter aux lettres des traits étrangers, conduiroient insensiblement à l'illisibilité des écritures, ainsi qu'il est déjà arrivé au commencement du dix-septième siècle." (Pétition à l'Assemblée nationale)

C'est notre spécificité bien française de développer des académies qui vont donc stabiliser les formes de l'écriture cursive française.


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