L'échelle d'Ajuriaguerra : l'outil de référence pour évaluer la dysgraphie


Vous trouverez dans cette page une présentation de  l'outil utilisé par les professionnels pour évaluer la dysgraphie et en poser le diagnostic.

L' échelle E de mesure de la dysgraphie date de 1964 et est encore à ce jour la référence. Pour évaluer une écriture, il est utile de la comparer à d'autres écritures d'enfants du même âge et du même niveau scolaire. Ce sont l'équipe de Hélène de Gobineau et Julian Ajuriaguerra qui ont mis au point l'échelle E (échelle Enfant) dont se servent les spécialistes pour poser un diagnostic de dysgraphie chez un enfant entre 6 et 12 ans soit, grosso modo, du CP à la 6ème.
Cette échelle contient trente caractéristiques graphiques enfantines intimement liées au stade de développement graphomoteur de l'enfant. Elle permet de noter la présence fréquente, occasionnelle ou l'absence de certaines caractéristiques de l'écriture cursive. Les caractéristiques de forme sont notées sous le label F, les caractéristiques de motricité sous le label M.

Les différents items de l'échelle de dysgraphie E d'Ajuriaguerra 


  • F1 Ecriture enfantine : Cet item concerne l'aspect enfantin et maladroit d'un tracé et son manque de fermeté.

  • F2 Ecriture dodue : Les lettres sont plus larges que hautes, très rondes. A noter qu'il n'y a pas de F2 sans F1, une écriture cursive dodue et  habile ne sera pas cotée.

  • F3 Absence de mouvement : On sent ici que l'écriture cursive n'est pas fluide, que l'enchaînement des lettres ne se fait pas de manière aisée.

  • F4 Ecriture grande : L'écriture cursive est considérée comme grande quand au moins la moitié des lettres dépasse 3,5mm en zone médiane. L'écriture est moyennement grande quand la moitié des lettres fait entre 2,5 mm et 3,5 mm en zone médiane. On fait la moyenne si l'écriture cursive est très irrégulière.
  • F5 m et n scolaires : Les m et n sont considérés comme scolaires quand ils sont tracés en plusieurs petits ponts.

  • F6 Barre des t scolaire : La barre des t est considérée comme scolaire quand elle est bien réussie, posée au 1/3 supérieur du t.

  • F7 p scolaires : Les p sont considérés comme scolaires quand ils sont tracés en plusieurs morceaux
  • F8 a en deux morceaux : S'il y a un lever de crayon dans le tracé de la lettre, le a est en deux morceaux.

  • F9 d,q,g en deux morceaux : idem F8

  • F10 Majuscules maladroites : On considère cet item si les majuscules sont très malhabiles.

  • F11 Points de soudure : Une soudure est une difficulté de liaison entre deux lettres, quand il y a un arrêt inutile et reprise du mouvement dans le même sens.

  • F12 Collages : les lettres sont maladroitement collées entre elles

  • F13 Espaces irréguliers entre les lignes ; Item valable seulement si l'écriture cursive se fait sur papier blanc. On observe la régularité ou l'irrégularité en début de lignes.

  • F14 Zones mal différenciées : les zones médianes, des hampes et des jambages sont mal différenciées.

  • M15 Bâton descendant repris : le trait vertical des lettres d, t, p ou q est rallongé et ne peut être fait en une seule fois.

  • M16 Lettres retouchées : l'enfant retouche ses lettres sans que ce soit pour des raisons orthographiques.
  • M17 Ensemble sale

  • M18 Arquage des d,t,p,q : Au lieu d'être droits, les bâtons sont arqués (difficulté à faire une droite verticale bien verticale et rectiligne)

  • M19 Cabossage des lettres rondes : le galbe n'est pas parfait, on note des angles, des cabossages sur les lettres comportant des arrondis.

  • M20 Mauvais galbe des boucles : le galbe des boucles est mal fait : les l ressemblent plus à des sucettes fondues qu'à des l.

  • M21 Tremblements

  • M22 Tracé vacillant : le texte semble avoir été écrit dans un train en mouvement.

  • M23 Saccades : les liaisons entre les lettres sont anguleuses alors que des liaisons réussies sont arrondies au contact de la ligne de base.

  • M24 Télescopages : Les lettres sont collées les unes aux autres sans aucun trait de liaison intermédiaire. Les lettres s'écrasent les unes contre les autres.

  • M25 Lignes cassées : la ligne change brutalement de direction en décrivant un angle brusque.

  • M26 Lignes fluctuantes : la ligne ondule

  • M27 Lignes descendantes

  • M28 Mots dansant sur la ligne :le mot ne repose pas bien régulièrement sur la ligne, seulement en quelques points, même si la ligne elle même peut être bien tenue.

  • M29 Irrégularité de dimension : la dimension des lettres en zone médiane varie en amplitude sur l'ensemble du texte.

  • M30 Irrégularité de direction : les lettres n'ont pas une inclinaison régulière ; elles sont tantôt inclinées vers la droite, tantôt renversées, tantôt verticales...

Forces et faiblesses de l'échelle de dysgraphie d'Ajuriaguerra :


Cette échelle ayant été étalonnée et publiée en 1964, nombreux sont ceux qui affirment que le calcul de l'âge graphomoteur de l'enfant n'est plus valable aujourd'hui. En effet, les exigences scolaires ont considérablement évolué du point de vue de l'écrit. On exige aujourd'hui rapidité et lisibilité quand on demandait jadis une « belle calligraphie » et une orthographe irréprochable (ce qui nécessite du temps). On écrit au stylo bille, quand on écrivait à la plume. Toutefois, les caractéristiques -en particulier déficitaires- de l'écriture n'ayant que très peu varié, l'échelle E reste l'outil de référence pour l'évaluation de la présence d'une dysgraphie. Il est quand même à noter que de multiples caractéristiques défectueuses ne sont pas répertoriées dans l'échelle d'Ajuriaguerra (Lignes montantes, lettres rondes tournées dans le mauvais sens pour n'en citer que deux). Un professionnel compétent devra donc tenir compte dans son évaluation et surtout au cours de la rééducation de l'écriture.

A chaque item on attribue une note entre 0 et 1 en fonction de la fréquence d'apparition dans l'écriture. Cette note est elle même affectée d'un coefficient selon les modalités définies par Julian Ajuriaguerra et son équipe. De toutes ces notes, on tire une note finale caractérisant la présence ou l'absence d'une dysgraphie. On peut également comparer le résultat obtenu avec les enfants du même âge, du même sexe, ou de la même classe et ainsi savoir si l'enfant présente un retard graphomoteur.

Attention toutefois à ne pas perdre de vue que l'échelle d'Ajuriaguerra ne s'applique qu'aux écritures d'enfants entre 6 et 12 ans. Elle n'est pas applicable pour évaluer les difficultés d'enfants plus jeunes (particulièrement en maternelle, ou les difficultés sont souvent déjà perceptibles par rapport aux modèles d'écriture cursive) ou de personnes plus âgées.

Enfin, il ne faut oublier que cette échelle reste très subjective et dépendante de la personne qui l'évalue ainsi que de son expérience : Coter l'échelle d'Ajuriaguerra nécessite véritablement une grande habitude et une bonne formation.


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